L’entreprise française Carbios créée en 2011, introduit à la bourse de Paris seulement deux an plus tard, se spécialise dans la conception et dans le développement de procédés innovants et uniques de recyclage biologique du 2e plastique mondial, le PET (abréviation de polyéthylène téréphtalate).
Le plastique : entre confort de vie et crise écologique
La plastique, ce matériau révolutionnaire du siècle dernier n’en demeure aujourd’hui pas moins utilisé. En un peu plus de 100 ans, il a changé le quotidien de milliards de personnes de par sa praticité, son faible coût et ses propriétés difficilement remplaçables. En 2023, ce ne sont pas moins de 450 millions de tonnes de plastiques qui sont produites, soit 40 fois plus que dans les années 1960, d’après l’OCDE. Ce matériau est constitué par l’assemblage de produits chimiques extrêmement toxiques et néfastes pour l’environnement, avec, comme principaux éléments, le pétrole, le gaz naturel et le charbon.
Le plus gros problème du plastique réside dans son processus de fin de vie. Il est difficilement recyclable selon le type, et ce, seulement 2 à 3 fois. D’après National Geographic, seuls 9 % des déchets plastiques produits depuis leur création ont été recyclés, tandis que 79 % se retrouvent dans les océans ou dans la nature. Pour ce qui est du reste, ils sont généralement brûlés ou enfuis sous terre dans des décharges. On comprend mieux l’enjeu majeur du développement de solutions de recyclage au vu des catastrophes écologiques qu’il crée.
Le PET est un type de plastique particulièrement utilisé dans l’embouteillage ou le textile. C’est un des plus utilisés notamment grâce à sa légèreté, sa solidité et surtout pour son potentiel de conservation des denrées alimentaires. Cependant, il n’est recyclable que deux à trois fois.
Le recyclage biologique de Carbios, c’est quoi ?
Premièrement, l’entreprise a mis au point un procédé innovant de recyclage par enzymes qui, en quelques sortes, peut se comparer à une biodégradation des matières plastiques. Leur procédé permet de revenir aux constituants de base du PET, avec une altération amoindrie de celui-ci. Ce procédé permet de recycler tout type de déchets, du plastique clair, coloré ou opaque aux fibres textiles. De plus, les solutions utilisées sont moins énergivores, car à basse température, et permettent une douzaine de recyclage contre 2 à 3 pour les méthodes traditionnelles.
Deuxièmement, l’autre innovation proposée par Carbios est un additif enzymatique qui permet d’accélérer la dégradation du PLA (un plastique d’origine végétale). Cet additif s’ajoute directement au moment de la fabrication des emballages et rend les plastiques 100 % compostables. L’entreprise assure une biodégradation sans résidu ni toxicité grâce à son procédé. Les consommateurs peuvent donc les composter avec leurs biodéchets du quotidien sans risques.
Dans l’œil des investisseurs
L’entreprise apporte des solutions concrètes aux producteurs de plastiques voulant une fabrication plus éthique et plus durable. Dans le futur, une partie de son chiffre se fera par la production de ses plastiques recyclés et recyclables en usine tandis que, comme annoncé récemment, elle vendra des licences dans le but de générer des royalties, dès 2024.
En octobre dernier, la société a fait part de la nouvelle quant à la validation de la construction de sa première usine à taille réelle de biorecyclage à Longlaville, en Meurthe-et-Moselle. Ce projet est possible grâce au partage de l’usine avec Indorama, producteur mondial de PET, pour un investissement total de 230 millions d’euros. Cette usine permettra à Carbios de faire passer son innovation à l’échelle industrielle. Elle produira des fibres textiles ainsi que des emballages et des bouteilles recyclés pour des partenaires tels que L’Oréal ou Pepsi Co.
Le modèle économique de Carbios
Le modèle économique de Carbios n’est pas de construire des usines partout dans le monde, mais de vendre des licences au fabricant de plastiques et aux spécialistes du recyclage. Les royalties, même si moins importants que les revenus industriels futurs de la société, permettront tout de même de dégager un chiffre significatif. Ces royalties représenteront 4 à 5 % du montant investi pour les partenaires. Pour des usines à plusieurs millions d’euros, l’entreprise pourrait toucher des sommes conséquentes. De plus, une fois les usines opérationnelles, les royalties s’appliqueront également sur la production vendue. Ce sera un apport non-négligeable pour une société de cette taille. À terme, leur but est de vendre des licences et de capter 4 à 8 % du marché du PET à horizon 2030 et 8 à 12 % d’ici 2035.
Les règlementations du secteur plastique
La réglementation croissante du secteur plastique aidera probablement le développement commercial de Carbios. Dès 2025, les emballages devront être constitués d’au moins 25 % de plastique recyclé sous peine de pénalités financières et un jour, d’interdiction. En 2040, ce taux atteindra son point culminant avec 65 %. Ces lois seront très certainement favorables à l’entreprise, si bien pour sa production que pour ses ventes de licences. Ces éléments sont des perspectives intéressantes pour les investisseurs malgré l’absence d’un chiffre d’affaires significatif. 35 à 45 % du capital sont détenus par les particuliers et une centaine de fonds sont au capital de la société. On peut citer comme principaux actionnaires : L’Oréal (6 %), Michelin (3 %), L’Occitane (2 %) et Truffle Capital (1 %).
Un futur ensoleillé pour Carbios
Dans tous les cas, Carbios s’est placé sur un marché amené à croître fortement dans les années à venir, aidé par les réglementations et par l’urgence écologique. La plupart des gros producteurs augmenteront le taux de plastique recyclé dans leurs productions, suivant des lois toujours plus propices à réduire l’impact écologique. Le besoin de recyclage est fort et le passage à l’échelle industrielle de l’entreprise n’est plus qu’une question de mois.
Pour en savoir plus, visitez leur site directement ici.